Better Cotton Initiative ou BCI

Better Cotton Initiative

Better Cotton Initiative ou BCI

Better Cotton Initiative, c’est quoi ?

BCI ou Better Cotton Initiative est un programme qui a pour cible les agriculteurs de coton et dont le but est d’améliorer l’impact de cette agriculture sur leur santé et sur l’environnement.

Cette initiative a aussi pour but de faire du lobbying auprès des gouvernements, des industriels et des consommateurs afin que ce coton ‘durable’ soit préféré sur le marché mondial à un coton non durable.

Le slogan de Better Cotton Initiative ou BCI est : ‘Le monde n’a pas seulement besoin de coton, il a besoin d’un Better coton.’

Le programme s’adresse à :

  • Des agriculteurs
  • Egreneurs
  • Filateurs
  • Fournisseurs
  • Fabricants
  • Propriétaires de marques
  • Détaillants
  • Organisation de la société civile
  • Donateurs

L’objectif est former les communautés agricoles à produire du coton ‘durable.

Ce programme vise à améliorer :

  • Sur le plan de l’agriculture ‘durable’
    • Le rendement
    • Une meilleure gestion des sols et de l’eau
    • Une meilleure utilisation des pesticides et leur réduction
    • La biodiversité
    • La capture du carbone
  • Sur le volet sociétal et économique :
    • Les conditions de travail
    • La santé
    • La sécurité financière avec de meilleurs salaires
    • Les inégalités sociales avec l’encouragement du travail des femmes et la fin du travail forcé
  • Sur la filière :
    • Améliorer la visibilité du label auprès des industriels et des consommateurs
    • Augmenter la demande de Better Cotton

Les résultats obtenus par Better Cotton Initiative

Aujourd’hui 1/4 du coton mondial détient cette licence et en 2030, Better Cotton Initiative souhaite multiplier par deux ce résultat.

Le coton sous licence BCI représente 6.2 millions de tonnes de coton produit en 2020, soit 23% de la production globale de coton dans le monde (rapport annuel BCI 2020).

En 2020, 2.7 millions de producteurs agricoles de coton de 20 pays ont été formés aux pratiques durables et sont autorisés à utiliser la licence BCI pour vendre leur coton.

On peut lire aussi sur le site internet bettercotton.org que, ‘Au total, nos programmes ont touché près de 4 millions de personnes dont la vie professionnelle est liée à la production de coton.’

BCI se fixe pour les 10 prochaines années (en plus des objectifs cités ci-dessus) d’avoir un impact sur le changement climatique et de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre par tonne de ‘better cotton’ produite. Ces objectifs sont en lien avec l’agenda fixé par les Nations Unies en septembre 2015 et les objectifs de la COP26.

Les enjeux des 10 prochaines années sont explicités ainsi:

Quels sont les critères et les contrôle pour accorder la licence ? Quelle est en détail la formation dispensée ?

Difficile de trouver une information synthétique sans avoir à lire une multitude de rapports! Le rapport expliquant les critères BCI fait 154 pages (enfin trouvé) et finalement je ne trouve que des critères qualitatifs…

Les voici :

  • Principe 1 : Les Producteurs de la BCI minimisent l’impact nocif des pratiques de protection des cultures
  • Principe 2 : Les Producteurs de la BCI promeuvent une gestion responsable de l’eau
  • Principe 3 : Les Producteurs de la BCI prennent soin de la santé du sol
  • Principe 4 : Les Producteurs de la BCI renforcent la biodiversité et utilisent la terre de manière responsable
  • Principe 5 : Les Producteurs de la BCI prennent soin du coton-fibre et cherchent à en préserver la qualité
  • Principe 6 : Les Producteurs de la BCI promeuvent le travail décent
  • Principe 7 : Les Producteurs de la BCI disposent d’un système de gestion efficace

Ce qu’il faut comprendre est que BCI n’a pas d’exigences comme la certification GOTS. Elle donne des conseils, accompagne les producteurs de coton pour qu’ils optimisent leur culture de façon ‘durable’ sans jamais donner de critères quantitatifs homogènes à la durabilité.

Par exemple, BCI ne va pas interdire d’utiliser des pesticides mais informer d’autres moyens naturels disponibles pour en limiter leur usage. Les pesticides dangereux sont bien pointés du doigt mais restent autorisés (car rien n’est interdit). La liste des pesticides utilisables dépend de la législation nationale. Les agriculteurs asiatiques par exemple peuvent utiliser des pesticides interdits en Europe

Ce sont des principes qui sont enseignés. Chaque agriculteur décide de les mettre en application ou non. Ces critères vont dépendre des lois nationales…

On peut lire ‘Alors que Better Cotton Farmers s’efforce de faire des mesures de contrôle non chimiques leur premier choix pour la protection des cultures, dans certains cas, un agriculteur prendra toujours une décision éclairée d’utiliser des pesticides.’

Ou encore:

‘Au cours de la saison 2018-19, les producteurs de Better Cotton ont utilisé moins de pesticides que les producteurs de comparaison. En Chine, ils ont utilisé 14% de moins, tandis qu’au Tadjikistan, ils ont utilisé 38% de moins. Les biopesticides étaient également plus largement utilisés par les agriculteurs de Better Cotton.’

Ce point de vue est discutable puisque des agriculteurs arrivent à produire du coton biologique…Avec 14% de pesticide en moins, je ne crois pas qu’il y ait un impact sur la santé ou la pollution des sols.

La question à laquelle je ne trouve pas de réponse est bien de définir ce qu’est la durabilité…sans critères quantitatifs uniques, l’objectif ne peut pas être évalué et une certification ne peut être donnée.

Le contrôle de l’application des grands principes d’une production de coton durable, après la formation (et on suppose l’accompagnement terrain terminé) est décrite dans le rapport BCI Principes et Critères ainsi :

‘Il est de la responsabilité de chaque entité agréée de veiller au respect des Principes et Critères de la BCI. Aux fins de la mise en œuvre du Système du Standard du Better Cotton, cette/ces personne(s) ou entité(s) seront désignée(s) sous le nom de « Producteur ». Le Producteur est chargé des décisions et des activités de production/gestion liées à l’Unité de production. Il a également la responsabilité de prouver que les autres personnes ou entités qu’il autorise ou engage pour travailler dans l’Unité de production ou au profit de cette dernière respectent les exigences des Principes et Critères de la BCI. Le Producteur est tenu d’élaborer et de mettre en œuvre des plans de mesures correctives afin de remédier à toute pratique ne respectant pas les Principes et Critères.’

Voici comment s’effectue le contrôle (traduit par google):

« Better Cotton commande des études indépendantes pour collecter des données auprès d’échantillons de Better Cotton Farmers et de non-Better Cotton Farmers. Les conclusions de ces études sont ensuite comparées aux données sur les indicateurs de résultats communiquées par les agriculteurs et utilisées pour vérifier les similitudes directionnelles générales dans les résultats. Les projets de recherche peuvent également fournir une opportunité de recueillir des informations qualitatives sur l’expérience Better Cotton directement auprès des agriculteurs, en entendant dans leurs propres mots comment ils pensent que Better Cotton est le moteur du changement.’

Vous avez compris quelque chose ?

Il y a donc un producteur ‘certifié’ qui ne sera pas vraiment contrôlé…puisque ce n’est pas la mission de cette initiative qui est de juste d’informer à une agriculture ‘durable’…Il n’y a aucune interdiction et les grands principes sont laissés à l’interprétation de l’agriculteur.

Pas de mauvaise foi tout de même, je suppose que l’agriculteur y adhère et veut améliorer son agriculture …il croit en l’avenir d’un ‘meilleur coton’ et met en place ces ‘grands principes’ ??

Ecoutons l’enquête de Cash Investigation de 2017 sur BCI. Un témoignage édifiant : ‘Dans la charte BCI, les femmes n’ont pas le droit d’utiliser des produits chimiques. Ce sont les hommes qui doivent le faire. Et quand on utilise des pesticides, on doit se protéger avec des lunettes et des gants », explique l’un d’entre eux. Et comment se protège-t-il ? Il noue tout simplement une serviette autour de son visage… ‘

Sa compagne est en train de verser du produit chimique dans un filet d’eau les mains nues. La serviette autour du vissage de l’agriculteur… juste pour montrer au journaliste son moyen de protection !

Ou encore, un témoignage d’un agriculteur qui explique aux journalistes de Cash Investigation qu’en utilisant des pesticides, il gagne deux fois plus qu’en ne les utilisant pas…

Je ne sais pas vous, mais moi, je ne suis pas convaincue… Je ne comprends plus la démarche de Better Cotton Initiative…Comment peut – on attribuer un ‘standard’ au coton simplement en ayant dispensé une formation de grands principes ‘écologistes’ et ‘éthiques’, et sans demander des comptes aux agriculteurs? Une démarche participative peut – elle délivrer un ‘standard’ si aucun critère quantitatif n’est défini de façon homogène et si aucun organisme de contrôle vérifie l’atteinte des critères? C’est flou malgré tous ces documents…

Comprenez, par exemple sur le critère des pesticides, le coton BCI produit dans un pays encadrant les pesticides n’a pas les mêmes propriétés qu’un coton BCI produit dans un pays plus laxiste, et pourtant ils sont tous les deux étiquetés ‘BCI’ sur nos vêtements.

Un standard ou label dans sa définition, doit nous garantir un produit ‘normé’. Ce n’est pas le cas…

BCI indique à ce sujet :

‘Lors de l’année 2018, les équipes pays de la BCI créeront un groupe ou conseil des parties prenantes nationales dans chaque pays où la BCI est présente, afin d’identifier les substances nationales utilisées dans les régions de production. Nous élaborerons un processus visant à examiner et valider les substances et à publier une liste, qui contiendra les conditions d’utilisation de chaque substance. Cette nouvelle approche nous permettra d’aider nos Partenaires de mise en œuvre à mieux adapter les ressources de formation et de savoirs au contexte local.’ Rapport BCI Principes et critères

Qui est Better Cotton Initiative?

C’est grâce à une initiative de ‘table ronde’ lancée par WWF en 2005 et soutenue par les grands industriels du textile : H&M, Adidas, Gap, IKEA mais aussi par des ONG comme Oxfam, Organic Exchange….qu’est née cette organisation internationale Better Cotton Initiative (aussi appelée BCI ou Better Cotton).

Après 4 ans de travail, le ‘standard’ BCI est lancé en 2009.

Il y quatre principales catégories de membres de Better Cotton Initiative :

  • détaillants et marques,
  • fournisseurs et fabricants,
  • organisations de producteurs
  • société civile.

 

Un conseil de l’organisation donne l’orientation stratégique de ce programme. Il est composé :

  • 2 membres représentant la société civile
  • 2 membres représentant des marques de la fast fashion (actuellement H&M et Adidas)
  • 3 membres représentant les producteurs de coton (actuellement Australie, Pakistan et USA)
  • 3 membres représentant les fournisseurs et fabricants
  • 2 membres indépendants

Le conseil est élu par une assemblée générale, eux même membres de BCI et représentant les 4 catégories citées ci-dessus.

Les actions de BCI sont financées par :

  • les frais d’adhésion des membres et les frais de service pour accéder à la plateforme BCI pour les non membres.
  • La redevance prélevée sur chaque tonne de coton labelisé BCI achetée par les marques et les détaillants. Aujourd’hui, cette redevance est la source principale de financement. BCI est donc dépendant des marques à travers leur achat de tonne de coton pour fonctionner…

BCI va chercher dans les années à venir à diversifier ces sources de financement, en encourageant les fondations et fonds publics à participer à leur action.

BCI est présent dans 12 pays. BCI a des bureaux en Chine, en Inde, au Pakistan, en Suisse et au Royaume-Uni, ainsi qu’au Brésil, au Burkina Faso, au Kenya, au Mali, au Mozambique, aux Pays-Bas, en Suède, en Turquie et aux États-Unis.

Aujourd’hui, BCI est le plus grand programme de développement durable de coton au monde, lit – on sur leur site internet. BCI, grâce à un lobbying actif, convint les grandes marques et les industries à être des partenaires.

BCI travaille avec 70 partenaires différents sur le terrain et touchent des ‘petits’ agriculteurs, avec des exploitations de moins de 20 hectares.

 

De la lecture de ce site internet, que faut-il retenir ?

Le site de Better Cotton Initiative contient beaucoup de pages web, avec une profondeur importante. Je me perds un peu. Je corrige des chiffres qui ne sont pas toujours les mêmes selon que je lis une page web ou un rapport…C’est assez confus et diffus. Mais peut être est – ce fait exprès ?

Les textes sont colorés, des schémas, des images, des rapports…que d’investissements en communication ! Par rapport aux sites expliquant les labels, je suis ici dans un exercice stylistique d’une entreprise qui veut faire bonne impression !

On trouve aussi sur ce site une mine d’information, comme l’évolution de la production de coton dans le monde, ses prévisions de consommation, le salaire des ouvriers, les pays qui le produisent. Une mine d’analyses socio-économiques démontrant un travail de documentation.

Une mine aussi de rapports …pour prouver le travail, sa valeur et son impact ? Effectivement, puisqu’il n’y a pas de critères quantitatifs internationaux à remplir, il faut justifier de progrès qualitatifs par du qualitatif.

Cela pose question…

1/ Il est tout de même difficile de comprendre le rôle stratégique de ces marques fast fashion dans ce conseil d’administration décidant d’une politique durable du coton… alors même qu’elles continuent en parallèle de faire travailler les Ouighours en Chine, de faire coller des semelles en caoutchouc sans relâche à des travailleurs malmenés et de diffuser des tonnes de tee-shirts en coton…c’est très paradoxal. Produire moins et mieux, ce n’est pas leur crédo.

Quel est leur intérêt dans cette démarche ? Est-ce qu’il s’agit de s’acheter une ‘bonne conscience’ en utilisant un peu de coton ayant une licence que le consommateur va prendre pour un label ? En affichante leur participation à ce type d’initiative, peuvent – ils avoir une caution auprès des consommateurs d’une démarche responsable ?

2/ De même, le modèle économique est surprenant : BCI est financé sur une redevance payée à la tonne coton BCI acheté par les marques. Pour croître et réaliser leur formation auprès des agriculteurs, (BCI n’est pas autre chose qu’un organisme de formation international), il faut donc produire plus de coton BCI (en augmentant la part de coton BCI produite dans le monde) et faire un lobbying auprès des marques pour qu’elles en achètent plus… Ce modèle économique ne parait pas garantir une indépendance financière viable.

BCI serait elle donc dépendante du bon vouloir de la fast fashion pour opérer? On comprend mieux pourquoi BCI n’impose rien aux agriculteurs mais suggèrent. Ils n’auraient pas intérêt à influer sur la production de coton avec des mesures drastiques comme GOTS s’ils veulent poursuivre leurs actions et continuer de produire toujours plus de coton. Or produire durable aura forcément un impact sur la production et le cours mondiale de coton.

3/ Produire des rapports sur l’évolution des communautés agricoles permet de mettre en valeur l’impact de leur formation. Mais comparé à une approche de certification, la démarche est bien différente…C’est d’ailleurs ce que l’équipe de Cash Investigation avait souligné en 2017.

Il n’est pas, je trouve, cohérent d’attribuer un pseudo label BCI à un coton. Cette initiative ne devrait pas menée à une communication si forte auprès des consommateurs. Le coton BCI n’est pas une norme, un standard ou encore un label, cela ressemble à un vaste réseau d’agriculteurs formés à de grands principes écologistes. Mieux c’est moins pire…

Je rebondis sur l’enquête de Cash Investigation de 2017 qui nous informez que : ‘La chute impressionnante de la production mondiale de coton bio intervient avec l’apparition du coton certifié Better Cotton Initiative, un label qui se veut respectueux des hommes et de l’environnement. Ses critères sont pourtant très éloignés de ceux imposés par l’agriculture biologique.’ Site internet France 2

Effectivement, produire un coton sous une licence BCI n’ayant aucune contrainte, les agriculteurs ont préféré produire sous BCI plutôt que sous un label exigent et biologique comme GOTS ! Quelle aubaine pour les agriculteurs qui peuvent gagner plus d’argent qu’avec le coton biologique…et tant pis pour la planète…

Comment surfer sur la mode du coton respectueux de la planète et des hommes…Comment gagner de l’argent en mettant en place un standard qui autoriserait tout et ne changerait finalement pas les pratiques établies ! L’industrie de la mode s’achète – elle une vitrine d’un coton soi-disant plus vertueux alors que rien ne change? Sans organisme de contrôle, les règles ne seront pas appliquées. Le but ne semble pas d’influer sur une production durable de coton qui baisserait les volumes et augmenterait les coûts.

Références

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